Paru en France en 1970

Le 11 septembre 2013 paraît la réédition de Demain les chiens de Clifford D. Simak, qui profite au passage d’une nouvelle traduction française.

N’ayant lu que l’ancienne version, je ne ferai aucun commentaire sur la nouvelle traduction, mais je suppose qu’elle peut apporter du mieux. En effet, Demain les chiens est un ouvrage des années 1950 au style un peu trop daté âge d’or. Je me souviens avoir eu du mal dans les premières pages. Mais pas de regrets de m’être accroché.

J’évoquais cet ouvrage dans la chronique de Des milliards de tapis de cheveux qui raconte aussi une histoire s’étalant sur plusieurs siècles. Demain les chiens, c’est tout simplement le monument du récit pluri-générationnel. Oubliez les sagas à la Ken Follett, Clifford D. Simak condense un avenir entier dans un petit bouquin, et il le fait avec panache.

Imaginez un avenir dans lequel l’homme a disparu et les chiens sont devenus intelligents, doués de parole.
Maintenant, songez que ce livre ne vous parlera pas des chiens, mais des hommes.
Vous obtenez un concept, un tour de force littéraire.

Au lieu d’évoquer leur propre race, les chiens se souviennent de légendes, racontent la lente disparition des humains, dont ils ne sont même plus certains qu’ils ont vraiment existé. Clifford D. Simak nous livre alors un ouvrage sur notre propre décadence, nos travers, nos haines, la manière dont nous nous isolons les uns des autres à mesure que nous dépendons de notre technologie.
L’ouvrage est composé de huit nouvelles écrites dans les années 1940 et 1950 avant d’être réunies en un seul roman.
Nous découvrons la famille Webster, sur plusieurs centaines d’années et des dizaines de générations, dans un monde qui se robotise, avec des villages qui s’éparpillent et s’isolent car les transports sont quasi instantanés. Peu a peu les robots deviennent androïdes et les humains cherchent à quitter la Terre pour Jupiter, en quête de l’inexploré.

Le premier chien parlant, Nathanaël, doté d’un appareil phonatoire, est remplacé par de nouvelles génération de descendants, de plus en plus intelligents. Mais cette partie est seulement esquissée. L’histoire reste centrée sur les derniers humains. Tandis que robots, mutants et chiens s’organisent en communautés, la Terre se vide des hommes. Des membres de la famille Webster restent jusqu’à la fin. Clifford D. Simak utilise l’effet papillon, chaque grand changement ayant une cause dans les nouvelles précédentes.


L’ouvrage est abordé avec une philosophie qui confine à la poésie. Pas de catastrophisme ici, mais un espoir, celui que les chiens feront peut-être mieux que les hommes, forgeront un destin moins violent. Toutefois la fin est sombre, avec un parallèle entre des fourmis et le retour de la civilisation destructrice. Demain les chiens est le genre d’ouvrage qui nous pousse, après l’avoir refermé, à faire une petite pause. Juste quelques secondes, le temps d’accuser le coup. De se dire qu’on vient de terminer une œuvre majeure.