Etirer un scénario à travers les siècles et sur plusieurs générations, beaucoup ont essayé, beaucoup s'y sont cassés les dents. A la manière du Demain les Chiens de Clifford D. Simak, Andreas Eschbach, auteur majeur de la science-fiction allemande, réussit le pari de donner une envergure dans le temps à son histoire... tirée par les cheveux.

La première partie prend place sur une planète isolée au milieu d'un vaste empire galactique. La tradition qui fait la fierté des familles de ce monde désertique, c'est la confection de tapis en cheveux humains. Véritable art sur lequel chaque épouse s'abîme la vue, pour lequel chaque jeune fille donne ses cheveux, la fabrication de tapis est sans fin, et les produits finis partent par caravanes - parfois attaquées - puis par convois vers l'espace... sans que nulle raison ne soit fournie.
Le lecteur finit par comprendre que ces tapis sont produits sur plusieurs colonies et sur une durée absolument inimaginable.

Viennent ensuite divers récit de diverses époques et degrés de technologie : un face à face chargé de tension entre un rebelle et l'empereur, une histoire d'amour malheureuse entre soldats dans un vaisseau spatial, le tout sans cesse lié aux mystères de l'empire jusqu'au final saisissant qui révèle enfin le pourquoi des tapis de cheveux.

Andreas Eschbach a du souffle. S'il ne brille pas nécessairement par son style, quoique tout à fait agréable à lire, c'est ce cheminement à travers les siècles et ce lien absurde entre le point de départ et la situation finale qui fait de Des milliards de tapis de cheveux une œuvre unique, vertigineuse.