Paru en France en 1996
Réédité en 2009 sous son titre original : Snow Crash

Le samouraï virtuel de Neal Stephenson, on ne le lit pas pour son style un poil daté, mais parce que c'est un réservoir à idées jouissives.

Neal Stephenson c'est du cyberpunk, ça se revendique cyberpunk, ça pourrait porter un gyrophare avec écrit cyberpunk dessus. D'ailleurs, si le récit est d'abord de l'aventure à rebondissements, le contexte, lui, est on ne peut plus parodique. Les grands thèmes du cyberpunk y sont joyeusement exagérés.

Nous sommes bien sûr dans futur proche où les multinationales ont remplacés les Etats et forment de grands complexes fermés par des barrières.
Nous suivons deux personnages. D'abord Hiro Protagoniste, un sabreur noir qui arpente le Métavers, l'univers virtuel du moment - un genre de Second Life immersif - et qui livre également des pizzas pour la mafia. Car dans un univers où les enseignes commerciales ont leur propre police, livrer une pizza à l'heure représente la guerre économique ultime. Genre, une minute de retard et la mafia vous retrouve et vous le fait payer à sa façon. Quand je vous disais qu'on était dans la parodie. Le samouraï virtuel, c'est un peu du Gibson version tout permis.

Nous retrouvons aussi la jeune Y.T (prononcer Whitey), une ado de quinze ans. Messagère, elle se transporte en s'accrochant de voiture en voiture avec une planche à roulettes et un espèce de grappin électronique pas tout à fait crédible qui lui permet de faire à peu près n'importe quoi. Pour l'anecdote, elle a aussi une aiguille dans le vagin capable d'endormir quiconque tenterait un viol... Aiguille qu'elle oubliera à l'occasion de retirer. Et sa mère travaille façon esclave pour une multinationale.

Les deux se retrouvent embarqués dans une sombre histoire de virus informatique pouvant se propager aux cerveaux humains par écrans interposés, le tout sur fond de mythes summériens.
Au menu, une vaste aventure avec des combats au sabre, de la programmation, un Aléoute (c'est un genre d'esquimau) surpuissant qui se trimbale avec une tête nucléaire et peu faire du kayak plus vite qu'un bateau à moteur, un type sans corps qui projette son esprit dans un camion surarmé, des groupes de rock, un parrain attachant, un pays flottant composé de milliers de navires et des super méchants...

Avec Le samouraï virtuel, Neal Stephenson semble choisir des idées avant de réfléchir à tous les moyens de les exploiter à fond, au point de faire de son ouvrage un défouloir déjanté du cyberpunk. Le style demeure très classique, et il faut dans un premier temps accepter le côté too much de chaque situation. Après, comme dirait l'autre, c'est que du bonheur.