Autant commencer avec un jugement. Le système Valentine de John Varley est un roman génial. Voilà, c'est dit, aussi subjectif que cela puisse être. Le livre a obtenu le prix du Cafard Cosmique en 2004.

Le système Valentine, c'est un space-opéra, mais c'est surtout un livre sur le théâtre et les comédiens. Car à travers un classique jeu du chat et de la souris où le narrateur Sparky Valentine fuit de planète en stations spatiales, nous retraçons son histoire depuis l'enfance.


Sparky Valentine est un comédien. Elevé par un père tyrannique et perfectionniste dans la plus pure tradition du théâtre shakespearien, Sparky n'est pas seulement le produit d'un travail acharné, il a le don de pouvoir tout jouer à la perfection. Comme le montrent les coupures de presses disséminées dans l'ouvrage, Sparky Valentine sublime la plus mauvaise des pièces, peut chanter de l'opéra ou révéler la magie des marionnettes. Il peut aller jusqu'à changer réellement de sexe pour mieux jouer un personnage féminin. Mais il a aussi le don de se fourrer dans les ennuis les plus improbables, comme de devenir l'ennemi numéro un de la plus dangereuse mafia de la galaxie.


Dans un space-trip inventif où le personnage utilise ses talents d'escroc et de beau parleur pour se sortir des embrouilles, John Varley nous offre un regard sans pitié sur le show-biz et le cinéma. La jeunesse de Sparky, dont le physique est maintenu artificiellement dans l'enfance pour qu'il continue à tourner une série télévisée populaire pour les plus petits, est un portrait sous acide des dérives hollywoodiennes. Sans oublier ce père aussi implacable que vulnérable qui jette son ombre sur la vie de son fils.


Extravagant, fourmillant d'idées folles - voire doucement parodiques - et de technologies improbables, Le système Valentine a l'apparence d'un space-opéra divertissant de type page-turner. Mais ce n'est qu'une façade qui cache un personnage travaillé en profondeur et une plongée derrière les planches, dans les coulisses du théâtre et du paraître. Ce livre constitue la preuve par excellence qu'une histoire dans les étoiles peut s'intéresser davantage à Shakespeare qu'aux sabres laser.