Paru en France en 2008
Le portrait de l'auteur sur La Semaine du Roussillon
Autres ouvrages de Gil Graff : Requiem pour une racaille

Gil Graff le revendique elle-même, elle écrit du transgenre. Si Catalan Psycho est clairement un roman noir teinté de trash, un peu de SF pointe également son nez sur la fin du récit. 

Catalan Psycho est un thriller déjanté qui nous plonge dans un village catalan on ne peut plus refermé sur lui-même. Quand Eliane débarque dans ce coin perdu, elle traîne déjà un passé douteux, voire nauséabond, voire même quelques cadavres dans le coffre de sa voiture. Mais rien ne pouvait la préparer à cette galerie de personnages déjantés qui peuple « El Forat dels Innocents ».

L’ouvrage n’est pas sans rappeler « Le lézard lubrique de Melancholy Cove », le polar génial de Christopher Moore, dans sa manière de présenter des êtres névrosés à la chaîne. Et Gil Graff a une recette qui fonctionne : pour chaque nouveau personnage qui surgit dans le roman, le lecteur se demande si enfin, celui là sera à peu près normal. Perdu, tous ont leurs tares, leurs sales manies dégueulasses. Parce que Catalan Psycho, c’est une description crue, qui n’épargne rien : sexe et situations sordides, tout y est décrit, avec un too much volontaire, car l’ouvrage est un délire immoral à ne pas prendre au sérieux. On y égratigne au passage le villageois rustre.

Ca démarre soft avec des jalousies de comptoir autour du seul bistrot du hameau, mais le livre enchaîne rapidement sur cette vieille dame qui fait des confitures de rat, occasionnellement de foetus. Il y a ce géant simplet, dernier descendant d’une lignée de psychopathes, qui couchait avec sa grand mère – on se souviendra longtemps du « viiiiiiens têter mémé » - et qui garde un puits maudit. Un gendarme violeur persuadé que son sexe est un sceptre libérateur, un homme complexé amateur de bains de siège... etc.

Le tout sur fond de passé qui resurgit, de liens familiaux, d’expériences, et d’une vieille histoire d’asile psychiatrique.

Catalan Psycho est un savant défouloir, au style et au rythme assez maîtrisés pour éviter l’écueil de l’amoncellement d’idées. On le lit presque d’une traite, avec un sourire vicieux au coin des lèvres. On pourra cependant regretter l'explication finale des événements, qui tente de justifier la folie des habitants alors que l'univers décalé se suffisait à lui-même. C’est si sordide qu’il est impossible de prendre quoi que ce soit au premier degré. A ne pas mettre entre toutes les mains néanmoins, quelques descriptions sont à même de choquer les plus sensibles.

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