Paru en France en 2006

On connait George R.R. Martin pour sa fameuse saga fantasy –inachevée à ce jour- Le Trône de Fer, qui a donné lieu à la plus célèbre encore série télévisée Game of Thrones.
Mais Martin écrit aussi de la SF et des romans sans suite. C’est le cas pour Le voyage de Haviland Tuf.

Nous suivons donc le parcours de l’anti-héros Haviland Tuf, dans ce qui est moins un space-opéra qu’une série de récits accolés. La construction de l’ouvrage laisse même soupçonner une série de nouvelles transformées par la suite en roman, mais l’ensemble se suit pourtant sans déplaisir.

Haviland Tuf est un marchand obèse et cynique qui vit en compagnie de chats, dont l’un est nommé Dévastation. Au départ de l’aventure, alors qu’il travaille plutôt en solitaire, il finit par accepter de prendre à bord de son vaisseau « la corne d’abondance d’excellentes marchandises à bas prix » une petite équipe de mercenaires, tous relativement caricaturaux : le cybertech, le roublard égocentrique etc. Alors qu’ils mettent la main sur l’Arche, un vaisseau gigantesque et abandonné, tous finissent par s’entre tuer au terme d’une succession de ruses et de malveillances. Ne reste plus aux commandes, évidemment, que Haviland Tuf.
Or l’Arche est une Arche de Noé, dans le sens où elle contient une bibliothèque de séquences génétiques mais aussi le pouvoir de s’en servir pour altérer n’importe quel écosystème.

Loin de refuser toute ingérence, Haviland Tuf va au contraire se servir de ces atouts et voyager de planète en planète, arrivant en sauveur pour certains, en gêneur pour d’autres. Le lecteur suivra alors une série de planet-operas exotiques. Planète désert avec des combats de créatures dans des arènes, cité dominée par une Gardienne qui compte sur Haviland pour résoudre l’énigme d'océans surpeuplés de monstres marins, etc.


Tout le piquant du roman tient dans ce personnage décalé, avec un sens moral qui lui est propre, et qui se retrouve avec le pouvoir de changer le destin d’espèces entières. Haviland Tuf reste imperturbable dans toutes les situations. Le genre à dire « Bigre » en restant inexpressif et froid, dans les moments critiques. A tel point que la ficelle devient un peu grosse et que le personnage peut finir par agacer. Reste que les planètes et civilisations rencontrées sont bien dépeintes, rappelant par moment les planet-opéras de Vance. Néanmoins, le manque de transition entre les parties se fait cruellement sentir et le côté anthologie déguisée est sans doute le principal défaut de l’oeuvre. Un roman en demi-teinte donc, qui plaira aux amateurs d’une SF d’aventure qui tient en un seul volume, et à ceux qui sont curieux de voir ce dont l’auteur est capable loin du Trône de Fer.

1 commentaire.

  1. C’est quand même fou cette diversité dans l’oeuvre de Martin : le Trône de fer, son histoire de vampires sur le Mississipi, ce livre, et bien d’autres récits… Respect George ! :D