Paru en France en 1991

Difficile d’être objectif avec les Cantos d’Hypérion de Dan Simmons, car il s’agit du premier space opéra que j’ai lu, à une époque où j’ignorais encore qu’il y avait des sous-genres à la science-fiction. En même temps, après en avoir parcouru quelques autres depuis, dont de très bons comme l’Aube de la Nuit de Peter F. Hamilton, je n’ai jamais retrouvé ce souffle grandiose.

Les Cantos d’Hypérion est un cycle formé de deux parties, elles-mêmes recoupées dans la version poche : Hypérion et La Chute d’Hypérion. Un deuxième cycle fait suite, Endymion, décrié par certains pour ses longueurs, mais tout autant appréciable.

Je ne me hasarderai pas à détailler le long scénario d’Hypérion, qui se dévoile page après page, clef après clefs. La structure se base sur une intrigue à tiroirs, avec des récits apparemment sans rapport les uns avec les autres mais qui finissent par se rejoindre lors de révélations à couper le souffle.

L’histoire démarre avec la rencontre de sept pèlerins, réunis par l’Hégémonie, un empire interstellaire, et qui vont chacun raconter leur histoire. Le premier volume d’Hypérion sera donc formé d’une série de superbes nouvelles qui ont la particularité d’évoquer chacune différents concepts de science-fiction, souvent en rapport avec le temps. Il y a ce prêtre du Nouveau Vatican qui se retrouve avec cette croix organique sertie dans la poitrine, comme un parasite. La religion pointe souvent son nez au fil du cycle. Il y a ce couple déchiré : un soldat affecté dans un vaisseau, qui, mission après mission, retourne sur la planète de sa dulcinée pour la voir vieillir plus vite que lui en raison du décalage temporel induit par ses voyages. Il finit par se retrouver plus jeune que ses propres enfants. Le texte est juste superbe, triste sans jamais tomber dans le pathos. Il y a cette jeune fille qui rajeunit sans raison, jour après jour, se laissant des notes pour se souvenir de ce qu’elle perd petit à petit. Ou encore ce poète maudit à qui l’on arrache ce qu’il a de plus précieux, sa capacité à former des mots, et qui se retrouve dans un camp de travail en n’ayant plus que quelques insultes dans son vocabulaire.
 
Chaque récit a son style propre et sa charge émotionnelle. Et tous ont des points communs, comme la rencontre avec un monstre, une bête immonde, implacable, le Gritche. Cet humanoïde géant, meurtrier empalant ses victimes, invincible, qui semble constitué de pointes et de lames est l’une des clefs du cycle. Nous suivons ensuite les sept pèlerins, tous marqués par leur passé, dans leur quête pour saisir ce qui les a réuni, ce qu’est le Gritche, quels complots se trament dans un large univers.
Univers qui est justement soigné, chargé de sens of wonder à ne plus savoir qu’en faire. Races aliens, intelligences artificielles, humains ayant muté pour vivre en apesanteur, réseaux de communication plus rapides que la lumière, androïdes, batailles spatiales... Tout est fait pour émerveiller mais rien n’est gratuit. Chaque élément pèse dans l’intrigue.

Les Cantos d’Hypérion forment pour moi le space opéra ultime, celui qu’on aimerait relire ou avoir écrit. Il réunit tous les éléments SF tout en étant teinté de mysticisme, de poésie, voire de philosophie. Souvent copié, jamais égalé.

Sa suite, Les Voyages d’Endymion, est davantage centrée sur deux personnages, Raul Endymion et Enée, la « messie » dont il tombe amoureux, qui voyagent sur une rivière coulant à travers les mondes et qui seront eux aussi déchirés par les décalages temporels. Ce deuxième cycle traîne un peu, peut-être pour égaler le premier en longueur, ce qui a entraîné les foudres de quelques critiques, mais il s’avère à mon sens indispensable à l’ensemble Hypérion.

5 commentaires :

  1. Gromovar says:

    Je partage ton point de vue.

  2. Lorhkan says:

    Un grand classique... que je n'ai toujours pas lu !
    Et ta critique confirme toutes les autres : c'est du bon !
    Je m'y mettrai un jour, j'attends juste le bon moment... ;)

  3. Vert says:

    C'est un très bon space-op. La suite m'a moins plu, la longueur comme tu dis, mais aussi le fait que paradoxalement parfois c'est mieux de laisser des questions sans réponse ^^

  4. sylas says:

    ta critique me donne envie de le relire...

  5. Il faut vraiment que je lise ce classique, j’ai honte...