Autres livres de Glen Duncan : Talulla, Rites de sang

Paru en France en 2012

Je n’aurais sans-doute pas acheté cet ouvrage de Glen Duncan sans avoir vu au préalable des commentaires positifs. Le titre et la couverture pouvaient faire craindre une bit-lit commerciale pour ado. Il n’en est rien. L’auteur nous offre dans ce premier volume une narration digne des meilleurs Anne Rice, ce qui pourrait surprendre un amateur de romance gothique qui aurait acheté le bouquin par erreur.

Nous suivons Jake Marlowe, un loup-garou de 200 ans qui pourrait être le dernier de son espèce. Plus grand chose ne l’atteint, ni l’OMPPO, une organisation d’humains qui chassent les phénomènes paranormaux et autres créatures (et qui rappelle vaguement le Talamasca de Anne Rice), ni les vampires qui semblent le traquer pour d’autres raisons que la seule animosité entre les deux espèces.

Aspirant plus ou moins à sa propre mort, Jake va finalement se laisser embarquer contre son gré dans les complots qui agitent tout ce petit underground.
Présenté ainsi, rien de très nouveau. Le mythe du loup-garou est respecté (pleine lune, balles en argent, tout y est), et quelques personnages secondaires sont un poil caricaturaux : l’ami bibliothécaire, le chasseur de l’OMPPO en gothique cynique, la bourgeoise française nymphomane...

"Le dégoût de soi absolu apporte une sorte de paix"

Ce qui fait du dernier loup-garou un roman exceptionnel, c’est cette plongée dans l’esprit du monstre. Glen Duncan ne nous offre pas seulement une aventure racontée par Jake, mais nous donne accès à chacune de ses pensées, de ses digressions multiples. Un objet, une situation, lui rappellent un souvenir, qui en appelle un autre. Et ses petites phrases qui décrivent la vie humaine avec le recul du désabusé font mouche. Une telle justesse qui fait qu’on s’arrête parfois de lire pour se dire « tiens c’est pas faux ça... ». Sans oublier ce second degré permanent, quand Jake rappelle à quel point, dans une fiction, tout se passerait autrement.

"Les jambes pâles, enfantines, négligeables, flottant des deux côtés de Bragg en rut telles les antennes d’un insecte égaré."

Si l’on ajoute à cela une belle écriture au service de scènes d’action plutôt cinématographiques, quelques rebondissements bien amenés même si convenus, des passages érotiques plutôt efficaces (avec un soupçon de fan-service), l’ensemble est en forme de réussite.


Le dernier loup-garou est un roman de divertissement dont la maîtrise de l’écriture et les multiples fulgurances littéraires vont le placer nettement au-dessus du lot. Si le scénario n’a rien de très complexe, c’est si bien écrit qu’on est totalement déculpabilisé de lire un livre avec des vampires, des loup-garous et du sexe. Et que le roman qui fait suite, Tallula, est déjà commandé. A voir maintenant si Glen Duncan maintiendra le niveau dans ce qui devrait probablement être une trilogie.

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