Paru en France en 2012

Les faucheurs sont les anges est un roman post-apocalyptique orienté zombies, qui va légèrement au-delà du simple hommage au genre. D’ailleurs les mort-vivants, quoiqu’omniprésents, ne sont pas le sujet central.

Temple est une adolescente de quinze ans, née après l’invasion du monde par les zombies. Les limaces ou les sacs à viande, comme elle les appelle. C’est son monde, qu’elle arpente avec sa machette. Pour elle, rien n’y a jamais changé. Nous la suivons dans un road trip de survie rythmé par ses rencontres. Cet attardé mental qu’elle prendra sous son aile, comme pour réparer la mort de ce petit garçon qu’elle accompagnait. Ou Moïse Todd, montagne de muscles à la personnalité ambiguë, qui la poursuivra pour la tuer - à contrecœur - à travers les Etats-Unis. Familles ou chasseurs isolés, communautés étranges qui tentent de reformer une civilisation. L’univers et les situations sont codifiées par le genre mais bien décrits. On ne peut s’empêcher de songer, par exemple, à la série Walking Dead. Et il y a ce camp de mutants dégénérés qui rappelle fortement le cinéma d’horreur façon La colline a des yeux.

Dès lors que l’on accepte qu’il s’agit d’un hommage et non d’un ramassis de clichés, le livre et son ambiance poisseuse s’apprécient pleinement. Et ce duel traînant entre Temple et Moïse, cette idée d’inéluctable - de destin ? - qui suinte tout au long du texte, cette manière dont Temple finit par avoir peur d’elle même, de ce qu’elle devient, tout cela ajoute à la tension de l’ouvrage, qui évite l’écueil du simple divertissement gore. Il faudra cependant pardonner quelques incohérences, rares heureusement. Plus de vingt ans après l’apocalypse, on trouve encore des ascenseurs qui fonctionnent et de l’eau courante dans la boutique abandonnée d’un coiffeur, les routes semblent très praticables... Bref tout n’est pas complètement crédible.

L’écriture est excessivement simple, les phrases courtes. La forme est aussi aride et brutale que l’est devenue l’univers. Les quelques tentatives de métaphores semblent un peu forcées, c’est davantage dans la concision qu’Alden Bell tire la puissance de son roman.

L’auteur nous offre un roman court, linéaire, très visuel. Un roman avec des zombies et un peu plus. Un livre qu’on referme avec le sentiment d’avoir vu un bon film.

3 commentaires :

  1. Lorhkan says:

    En poche en plus, je note, merci. ;)

  2. Encore une belle critique, il faudra bien que je le lise un jour ! :)