Paru en France en 2015

La longue Mars est le troisième volume de la série entamée par Stephen Baxter et feu Terry Pratchett, après La longue Terre et La longue guerre.
Nous nous replongeons donc dans cette univers désormais bien connu composé d’une infinité de Terres parallèles.

Si le deuxième volume stagnait, l’exploration reprend dans La longue Mars. Le dirigeable de Maggie Kauffman part pour un voyage de 250 millions de Terres, tandis que Sally Linsay retrouve son père avec qui elle se rend sur Mars pour découvrir toute une série de Mars parallèles. Quant au héros du premier tome, Josué Valienté, il étudie un groupe de jeunes surdoués, à la demande de l’intelligence artificielle Lobsang.

A première, vue, nous pouvons donc espérer un récit enthousiasmant à la manière de La longue Terre. Malheureusement, le souffle n’y est plus. En fait d’aventure, guère de sense of wonder, en tout cas rien d’aussi impressionnant que le concept de base des mondes parallèles. La liste de technologies et de créatures manque d'intérêt. On croise même l’ascenseur spatial d’Arthur C. Clarke (CF « Les fontaines du Paradis ») que les auteurs ont tout de même eu la décence de citer. Le manque d’inspiration est par instants criant et l’aspect scientifique simplement éludé. Le manque de crédibilité (les planeurs sur Mars frôlent le ridicule) n’aurait pas été gênant avec la légèreté du premier volume : les réparties intelligentes de Lobsang, ou la finesse rebelle de Sally.
Mais l’humour et le cynisme, déjà maigres dans La longue guerre, semble définitivement perdus. A la place, des personnages archétypaux et sans âme, des situations qui créent des attentes mais ne mènent à rien, comme si cet opus n’était, encore une fois, qu’un ouvrage de transition (vers une conclusion compromise suite au décès de Sir Pratchett ?)

A tout cela se greffe cette histoire de jeunes gens dangereusement intelligents et arrogants, comme une nouvelle espèce menaçante pour l’humanité, façon « nuit des enfants rois ». Même si cette trame narrative est un peu en décalage avec l’univers et le ton originel, l’idée aurait pu être intéressante. Malheureusement, les auteurs finissent par dégouliner de bons sentiments sur le droit à la différence, fleurtant avec la littérature de jeunesse.

Cette chronique est sans doute un peu dure au regard d’un style agréable et d’un roman qui demeure globalement distrayant. Mais la déception en comparaison de La longue Terre est telle qu’on ne peut envisager le livre de manière indépendante.

La longue Mars passe malheureusement sous la barre - certes haut placée - du premier tome, tout comme l’avait fait La longue guerre. Archétypal, platement sérieux quand les situations auraient eu besoin d’humour et de surprise, ce troisième roman n’approche pas son potentiel, en dépit d’un retour de l’exploration et de l’aventure.