Paru en France en 2009.
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Et voici le - plus ou moins, selon les éditions - 32e volume du Disque Monde, Monnayé. Ce qui fait, mine de rien un des univers les plus développé de la fantasy, et sans doute l’un des plus attachants. Malheureusement, il faut bien le reconnaître, depuis quelques tomes, les perles se faisaient rares, et Pratchett, paix à son âme, nous livrait surtout une light fantasy honnête, pleine de fan-service pour les connaisseurs de l’univers, mais où il manquait ce je-ne-sais-quoi qui faisait la saveur des premiers volumes.

Là où s’enchaînaient des aventures plutôt variées avec moult rebondissements, le Disque-Monde de l’âge mûr verse de plus en plus dans le concept unique. Monnayé n’échappe pas à la règle, puisque l’intrigue tourne presque uniquement autour de l’invention du papier monnaie.
Nous nous retrouvons dans la capitale du Disque-Monde, Ankh-Morpork, dont on commence à bien connaître les recoins, en compagnie de l’escroc Moite von Lipwig, devenu ministre des Postes dans un précédent volume et qui désormais est propulsé à la tête de la banque par le seigneur Vétérini. Laquelle banque est également dans le viseur d’une famille de propriétaires véreux. Tout en leur échappant, Moite révolutionne le système bancaire en remplaçant la monnaie et la valeur or par des billets. C’est à peu près tout. Ah si, une vague sous-intrigue impliquant des golems arrive un peu comme un cheveu sur la soupe. Quant au gué des orfèvres, il est fade, ses personnages sont à peine cités.

Ne pas se méprendre, un Pratchett fait toujours du bien par où il passe, et le pavé se lit vite, grâce à une plume fluide. Le Disque-Monde sera toujours rafraîchissant. Le personnage du patricien Vétérini, dans toute sa froideur cynique, demeure appréciable, même si les ficelles commencent à être éculées. Les « Igor » - pour ceux qui ne connaissent pas l’univers, il s’agit des serviteurs de maîtres maléfiques, recousus façon monstre de Frankenstein, et dont l’auteur a fait une race à part entière - sont toujours délicieux.
Mais la sauce s’étire, la morale reste simpliste - la valeur d’une devise n’est pas faite d’or mais de forces vives, on n’est pas loin du niais - et l’on se surprend parfois à s’interroger « tout ça pour ça ? ». En effet, pour un volume centré sur l’univers de la banque, j’attendais à tout moment l’invention de la bourse et des traders, des délires sur la spéculation... Mais non, juste le papier monnaie.


Bref, un opus du Disque-Monde relativement épais pour un contenu sans doute plus pauvre que d’habitude. On continue d’aimer parce qu’est un univers que l’on suit depuis bien longtemps maintenant - depuis l’adolescence pour certains lecteurs - mais  c'est un univers qui, on doit le reconnaître à contrecœur, tourne un peu en rond depuis une dizaine de tomes, sauf quelques exceptions.

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