Paru en France en 1997

Premier roman de l’auteur et éditeur Philippe Ward, revu et corrigé en 2013, Artahe nous plonge dans un fantastique assez unique en son genre, avec ses touches d’épouvante, de roman de terroir et de polar.

Il fait partie de ces livres toujours fascinants qui nous plonge dans une petite communauté isolée lourde de secrets. Philippe Ward nous envoie à Raynat, un hameau des Pyrénées coupé du monde dès qu’il se met à neiger. Vivant lui-même en Ariège, l’auteur a su donner un accent réaliste à ses descriptions et au fonctionnement de la municipalité.

Arnaud quitte le stress de la région parisienne pour revenir s’installer à Raynat, auprès de sa tante Berthe qui l’a élevé. Mais ce retour semble également signer celui d’un ours mystérieux qui massacre hommes et bêtes. Peu à peu, le lecteur réalise que le village cache un culte dédié au Dieu-ours Artahe, et durant tout l’ouvrage, on ne cesse de se demander qui fait partie ou non de cette étrange secte, et si les pouvoir de ce Dieu-ours sont réels ou imaginaires.

L’intrigue a beau se dérouler principalement en extérieur, Philippe Ward parvient à laisser un sentiment claustrophobique, comme si l’on était prisonnier nous aussi du village de Raynat et de ses petits complots qui oscillent toujours entre rancœurs de clocher et une réalité plus sombre, derrière la trame « terroir » de l’ouvrage. Les passages évoquant le culte de l’ours à différente époques ajoutent à la dimension fantastique d’Artahe, dont on tourne les pages pour avoir le fin mot de l’histoire, à la manière d’un bon polar. Mention au personnage de Berthe, qui évolue sans qu’on s’en aperçoive de la vieille dame pleine de sagesse à un personnage bien plus malsain. Et nul n’est tout blanc et tout noir, chacun a ses motivations, ses raisons qui semblent toutes justifiées, du berger qui protège ses animaux au défenseur des plantigrades qui veut créer un parc naturel.


Artahe est ce que j’appellerais un excellent thriller des Pyrénées. La montagne, le petit village de Raynat sont des personnages à part entière. Et même si Philippe Ward ne verse jamais dans l’horreur proprement dite, cette histoire de Dieu-ours, sanguinaire et s’accouplant avec des humaines, laisse quelques frissons.

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